polychlorure de vinyle, béton, colle
800 x 7800 x 0,2 cm
L’installation Au pied de la tour tire sa genèse du processus de réhabilitation de l’ancienne Usine Pillard, devenue le lieu collectif Les 8 Pillards en 2019.
Initialement fondée par Marcel Pillard, ancien ingénieur aéronautique français, dans les années 30, l’usine Pillard fabriquait des réacteurs d’avions. Elle a ensuite été récupérée par l’entreprise lilloise Fives, pour devenir Fives Pillard, spécialisé dans la conception et la réalisation d’équipements de combustion et de systèmes de contrôle.
Restée quelques années innoccupée suite au départ de Fives Pillard, un projet de de rénovation auto-géré à été lancé par les résident.es-usager.es des 8 Pillards.
Entre 2019 et 2021 nous avons enlevé, déposé, manipulé, cassé, réparé, décroché, levé, tiré, porté, hissé, gratté, penché, glissé, monté, abaissé, réutilisé, branché, coupé, nettoyé, jeté, ramassé, écrasé afin d’auto – construire un lieu de vie, de création et de travail.
Ces travaux ont été menés dans un souci écologique, artistique, économique et fondés essentiellement sur la base du réemploi de matériaux provenant en majorité de l’usine.
Tous ces gestes accomplis à répétition m’ont ainsi amenée à interroger l’espace en mutation dans lequel je me trouve ; à regarder le restant, à préserver l’existant, à découvrir les discrétions, les recoins invisibles, à imaginer la vie d’avant, à inventer le lieu et chercher les accidents. L’architecture du lieu est devenu un témoin précieux de l’activité passée. Le sol, cartographie infinie, m’apparaît comme la cicatrice d’une histoire inconnue sur laquelle j’enquête, une marque discrète mais visible si tant est qu’on ne l’observe.
Que voit-on de ce que l’on ne voit pas ?
424 dalles bleues en polychlorure de vinyle que j’ai scotchée puis numérotée avant de les taper, décoller, casser, racler et ramasser pour ensuite les trier, les classer et les retourner.
Ils foulaient le recto, nous regardons le verso.
Ces dalles provenant d’un passage obligatoire pour de nombreux ouvriers souhaitant déjeuner et se doucher, ont été foulées de milliers de fois et laissent apparaitrent une empreinte quasi intact du geste effectué par le carreleur d’autrefois.
Le sol auparavant praticable se dévoile fragile et fatigué et offre à voir une multitude de détails restés longtemps invisibles et inexplorés.










